Menu
Connexion

BIENVENUE SUR LE SITE DE L’AAE ENSCM
ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES

Le site de l'école
  • Accueil
  • Actualités
  • Actualités
  • Agenda
  • ENSCMien-ne à la une
  • L'Association
  • Le Bureau
  • Cotisation 2024
  • Pourquoi cotiser ?
  • Adhésion
  • Promotions
  • Délégués
  • Sites des Promotions
  • Liens
  • Partenaires
  • Emploi
  • Offres d'emploi
  • Nos Partenaires
  • Actualités

    ENSCMien-ne à la une : Michel FAGES (1973)

    Publié par Brigitte RUFFIN le 12 sept. 2024 à 15h50

    Bonjour les amis,

     

    Mon histoire est très simple :

    A dix ans, j’étais amoureux d’une fille mais l’un de mes copains avait davantage de succès auprès d’elle, grâce à la boîte de magie que ses parents lui avaient offerte.

    J’ai demandé à mes parents de m’offrir la même et devant leur refus, je me revois encore leur dire que puisqu’il en était ainsi, un jour je serai magicien et passerai à l’Olympia.

    Rêve insensé et pourtant...

     

    J’ai passé mon baccalauréat sans perdre de vue les tours de magie puis ai décidé de tenter Maths Sup et Maths Spé, pour faire plaisir à mes parents mais aussi parce que j’ai eu l’impression que la vie de magicien serait peut-être plus difficile que celle d’ingénieur.

    Mes parents voulaient que j’entre à Polytechnique.

    Vu mon niveau en Maths Sup, les professeurs m’ont suggéré de me contenter de Centrale. Cela me convenait, tant que je n’entrais pas dans une école de chimie, cette matière ne m’attirant vraiment pas.

    Je n’ai pas été reçu à Centrale. Il m’a alors été conseillé de redoubler et de me consacrer à la préparation du concours des Ecoles de Chimie.

    Je m’y suis résigné, en me disant bien qu’il n’y a qu’une école dans laquelle je n’irais pas : l’ENSCM, car on parlait de Chimie Montpellier comme de Chimie Palavas, c’est à dire une école laxiste.

    Comme je n’ai été reçu qu’à Chimie Montpellier... j’y suis allé et ai vite compris que l’ENSCM était loin d’être laxiste ; j’en veux pour preuve, entre autres, les cours certes passionnants mais stressants de Max Mousseron.

    Et bien croyez moi ou non, je m’y suis passionné pour la chimie. Pas pour les formules à apprendre par cœur, certes, mais pour ces réactions bizarres bien que totalement explicables, qui peuplaient désormais mon univers... sauf lorsque je m’entrainais à la magie de scène et me voilà parti pour trois années de découvertes chaque jour plus intéressantes.

    Bon, d’accord, il y a eu ces années-là davantage de galas de l’école que jamais : ils me permettaient de me produire quelques minutes sur scène puis quelques minutes de plus la fois suivante... et de monter peu à peu un petit numéro.

     

    J’ai obtenu mon diplôme en 1973 et comme je parlais bien l’allemand, suite à un long stage en Suisse allemande, j’ai tout de suite trouvé un emploi. J’ai même eu le choix entre quatre sociétés qui voulaient m’engager.

    Là, petit reproche à l’enseignement de l’Ecole si je peux me le permettre, nous étions surtout formés laboratoire et non pas réalité industrielle. Je n’avais, à l’époque, par exemple (et internet n’existait pas) aucune notion de l’importance de Bayer, dont j’ai accepté la proposition d’embauche comme ingénieur technico-commercial.

    Je leur ai tout de suite dit que j’avais fait une école de chimie par accident mais que j’avais désormais d’excellentes bases en chimie. Je voulais cependant me lancer dans le commercial pur, le marketing, la stratégie.

    Surprise de mes interlocuteurs qui m’ont demandé pourquoi, alors, je n’avais pas tenté HEC.

    Ma réponse : “je pense qu’il vaut mieux confier des tâches de marketing à un ingénieur ayant les pieds sur terre et sachant de quoi il parle, qu’à un théoricien généraliste”.

    Je leur ai dit aussi que j’étais magicien. Tout pour plaire à une société dont les postes de Direction étaient réservés à des HEC !

    Le Président, un allemand avec lequel j’avais sympathisé, m’a cependant, devant ma détermination, accordé sa confiance et je suis resté trente ans chez Bayer, avant de passer treize ans chez Lanxess, partie de Bayer qui s’occupe principalement de chimie de base et qui a quitté le groupe Bayer.

    Je suis parti en retraite de la chimie (mais pas des spectacles) fin 2017, à soixante-huit ans. Mes patrons successifs ont fini par accepter puis apprécier ma double vie, se rendant compte que j’étais une sorte de figure de proue pour la société : la magie me permettait en effet de rencontrer des Présidents de Sociétés, des Ministres... ce qui facilitait grandement mon travail dans la chimie. J’ai gravi les échelons hiérarchiques jusqu’à atteindre un poste de Direction.

     

    Parallèlement, j’ai aidé un imitateur dont peu d’organisateurs voulaient au départ. Je lui ai fait part de mon rêve de passage à l’Olympia mais il y avait peu de chances que cela se réalise.

    Il m’a cependant promis que, si un jour, il devenait célèbre et se retrouvait à l’affiche de l’Olympia, il ferait appel à moi pour sa première partie.

    Heureusement pour moi, cet imitateur, à qui je trouvais des engagements alimentaires, s’appelait Nicolas Canteloup.

    Un jour, donc, il m’a annoncé qu’il tenait sa promesse : je serai sur la scène de l’Olympia avec lui. J’ai tout d’abord cru avoir eu les yeux plus gros que le ventre, mais ce premier Olympia s’est merveilleusement passé pour moi et a été le début d’une progression artistique dont je ne reviens pas encore. Michel Drucker m’a engagé deux fois dans ses émission, Pierre Richard m’a pris pour faire sa première partie et j’avoue être très fier d’être passé, à ce jour, vingt et une fois à l’Olympia, deux fois à la Comédie Française, une fois à l’Opéra Garnier et dans bon nombre de grands théâtres français.

    Fin janvier début février 2025, je serai sur la scène du Grand Rex, à Paris.

    Le spectacle où j’ai eu le plus peur ? Récemment, bénévolement, devant 1000 spectateurs dont deux cent cinquante handicapés, pour l’association Simon de Cyrène… dans la Basilique Sainte Bernadette de Lourdes, avec autorisation spéciale du diocèse et en présence d’un archevêque !

    Je me suis aussi produit une dizaine de fois à la télévision, en particulier lorsque j’ai reçu un prix international de magie : un Mandrake d’Or.

    Chaque fois que cela était possible, Bayer puis Lanxess invitait certains de mes clients à mes spectacles.
    Côté chimie, tout se passait bien : le chiffre d’affaires augmentait, car les trois années d’études à l’ENSCM m’avaient, je crois, appris opiniâtreté, discernement et capacité d’analyse adaptés au monde de l’industrie chimique.

    J’ai perfectionné ma chimie en me portant volontaire pour des interventions en cas d’urgence. J’ai en même temps peaufiné mon numéro de magie grâce, en particulier, à ma rencontre avec Coline Serreau qui, en quelques mots, m’a fait comprendre bien des éléments nécessaires à la réussite en spectacle.

     

    J’ai donc mené cette double vie pendant quarante trois ans, à la plus grande satisfaction, je crois, de mes employeurs, en tout cas à la mienne. 

    Cela m’a permis de réaliser que moins on a de temps, plus on va à l’essentiel et surtout, de naviguer avec bonheur entre chimie et magie.

    Oui, j’ose le dire haut et fort : j’ai vécu quarante-trois années de vrai bonheur dans les deux métiers que Bayer puis Lanxess m’ont permis d’avoir et de développer.

    Merci à eux et merci à l’ENSCM de m’avoir ouvert les yeux et placé sur la bonne rampe de lancement.

     

    Maintenant, chut, deux secrets : 

    - je suis sorti avant dernier de l’école !

    - mon copain d’enfance, qui est toujours mon meilleur ami, n’était en fait pas amoureux de l’élue de mon cœur à l’époque.

    Je fais donc tout cela, en magie, strictement pour rien depuis soixante-cinq ans (j’en ai soixante-quinze), puisqu’il s’agissait d’une erreur de jugement de ma part mais j’éprouve toujours un énorme plaisir à me produire sur scène, en tentant d’apporter un peu de bonheur aux spectateurs, comme j’ai tenté d’apporter des solutions à des problèmes liés à cette industrie chimique tant décriée aujourd’hui mais pourtant nécessaire à l’humanité, à condition d’être bien contrôlée et maîtrisée, ainsi que basée sur des notions de marketing non orienté profit mais aide au prochain. 

      

    Je ne cesse de «croquer» la vie à pleines dents !

    Merci à ma famille de me le permettre.

      

    Michel Fages (promo 1973)

     

     

      

    Michel Fages sera sur la scène du Grand Rex du 31 janvier au 2 février 2025 avec les plus grands magiciens du monde, tous lauréats du prestigieux Mandrake d'Or pour un show époustouflant.

    Lien de réservation https://www.talticket.com/evenement/les-mandrakes-le-show