ENSCMien-ne à la une : Guylaine GINGREAU (1997)

Ce que je retiens de l'ENSCM, au-delà des cours ?

 

C'est avant tout des rencontres, des camarades, des souvenirs en dehors de l'amphi et des labos : le week-end intégration, ma binôme Albane, l'initiation puis la pratique très régulière de la coinche, les applaudissements de l'amphi quand l’un des nôtres a trouvé le chemin de l'amphi pour la 2e fois en 2 ans, les soirées au sein de l'école (sans aucune plainte pour tapage nocturne par le commissariat de police pourtant juste à côté), mes amis du club voile (et ma visite à la course de l'EDHEC à la Rochelle), le groupe d’œnologie que nous avons créé, l'élection de El Paso au BDE, mon équipe de foot (tout niveau était accepté par nos coachs Walter et Cédric très très indulgents avec des joueuses très débutantes, tellement douées qu'il parait même qu'une joueuse de notre équipe, une anonyme à qui je donnerai comme pseudo Brigitte R. a cassé le nez d'une joueuse de notre équipe Sophie pendant un match du TIC), le tournoi MOUSTIC (Montpellier Organise Un Super Tournoi InterChimie - oui oui 2000 couverts à la main...), la passion de Marc Bonnet pour son école (il n'avait pas peur de se remonter les manches, le meilleur exemple a été à MOUSTIC avec l'incident des toilettes), la promotion de Chimie Plage par Harold (une jolie vague dans le monde des écoles de chimie)… Oui les très bons souvenirs sont nombreux !

 

Je ne suis pas arrivée directement de Maths Sup/Maths Spé à Montpellier. Le chemin royal n'était pas pour moi. Et surtout mes valises toujours prêtes pour un déménagement : 10 déménagements en 6 ans !. DUT Chimie au Mans, ensuite Licence de Chimie à Poitiers puis Maîtrise Eramus à University of East Anglia à Norwich (GB), des diplômes qui n'existent plus aujourd'hui. J'ai ensuite hésité entre une thèse à l’université et une école d'ingénieur, j'ai suivi les conseils d'un de mes profs de fac. Plusieurs dossiers en ENSC acceptés, entre Montpellier, Toulouse ou Mulhouse, j'ai choisi l'ENSCM pour sa chimie organique.

 

Et pour les stages : Université à Cork en Irlande, Rhône-Poulenc à Salindres, Elf Atochem à Lacq, BP Chemicals à Lavéra.

Un diplôme d’ingénieur obtenu en 1997, une époque où les offres d'emploi sont rares pour les chimistes cadres. Nombreux sont mes camarades qui ont accepté un emploi dans un autre domaine et notamment en informatique. Suite à mon stage à BP Chemical à Lavéra, j'ai eu la chance d'avoir une opportunité au Centre de Recherche de BP Chemical à Sunbury-on-Thames (GB) en 1998 pour rebondir au Centre de Recherche Mobil en Normandie où j'ai enfin posé mes valises en 1999 !

 

Et là, dans un centre de Recherche de 50 personnes sur les lubrifiants, j'ai trouvé 2 ENSCMiens dans mon département : Sandra (1995), mariée à Guillaume (1994), un couple ENSCM, (certains ne faisaient pas qu'étudier !) et Eric (1996). Plus tard, je croiserai un autre ENSCMiem Sébastien (1995) dans une autre Business Unit (Polypropylene pour l'automobile).

Pendant plus de 20 ans, j'ai occupé des rôles techniques, au laboratoire et au delà du labo pour des supports produits essentiellement lubrifiants, production en raffinerie, produits, application, clientèle, qualité.  Des équipes multiculturelles et internationales. Oui un poste enrichissant, avec des challenges. Toutefois, j'éprouvais un conflit de valeurs.

 

2020 : mon cancer du sein pendant le COVID a été l'occasion de faire une pause et d'avoir une réflexion sur mon existence.

 

2021 : j'ai pris la décision de quitter le confort d'un CDI d'une grande entreprise pour une aventure avec plus de sens.

 

2022 : j'ai ouvert seule Esseintielles, une boutique pour femmes en traitement contre le cancer.

Je les accompagne à se sentir belles pendant et après le traitement. En cas de perte de cheveux pendant une chimiothérapie, la boutique propose 5 solutions capillaires de la perruque au turban. Si elles ont eu une ablation partielle ou totale du sein, on y trouve des prothèses mammaires externes et la lingerie adaptée (soutien-gorge et maillot de bain).

Mon credo est que si on se sent belle, on a une meilleure estime de soi, peut être un meilleur moral ce qui peut aider à mieux tolérer les traitements et à guérir.

Je les accueille dans un cocon non médicalisé pour une bulle de douceur, une parenthèse temporelle afin qu'elles redeviennent femmes et non pas malades, clientes et non pas patientes.

Ma réussite est leur sourire quand elles quittent la boutique. Et ça, ça n'a pas de prix, c'est riche de sens, c'est ultra motivant.

Je suis proche de l'Ikigai mais dans la tri-zone (ce que vous aimez - ce en quoi vous êtes douée - ce dont le monde a besoin) : zone plaisir et satisfaction sans salaire.

Le démarrage ne s'est pas déroulé comme prévu et après 18 mois d'activité, je suis loin des seuils de rentabilité (sans et avec salaire) : après discussion avec mon actionnaire principal, mon DG et mon DAF (c’est-à-dire moi-même ;-)) j'ai décidé pendant l'écriture de cet article d'arrêter l'activité. Une très belle aventure, sans regrets avec de belles expériences et aussi des leçons. J'en ressors encore plus forte !

 

 2024 : nouveau challenge professionnel, pas encore défini à l'heure où j'écris cet article. Probablement intéressant pour une femme senior (50 ans) qui a eu un cancer... Et bien je suis prête à relever le défi.

 

Pourquoi être l'ENSCMienne à la une ce mois-ci ? Et donc quel est le lien entre mon activité Esseintielles et l'ENSCM ?

Directement, il n'y en a pas. Enfin si, j'ai des supporters de choc Sandra (95), Brigitte (96), Clotilde et Lionel (97) sur LinkedIn :)

Indirectement, pour créer ma société et la gérer au quotidien, j'ai utilisé de multiples compétences que j'ai acquises lors de mes études et de mon activité professionnelle : projet, planning, budget, prospection, vision, organisation, persuasion (des banques, financeurs de subvention et de la CPAM pour le conventionnement), rigueur avec expert-comptable, relationnel (réseau et client), satisfaction client.

 

Quand je suis mes anciens camarades de promo, je trouve des personnes qui sont où elles voulaient être il y a plus de 25 ans : chercheur en chimie pour la pharmacie pour François, cheffe de labo pour le Louvre pour Elsa, quelle force de volonté et quelle constance. Il y a aussi des managers dans de nombreuses entreprises de chimie, dans l'énergie, dans des domaines très variés, des professeurs de tous niveaux (de l’école à l'université), un intermittent du spectacle, un tennisman ATP devenu businessman dans le sport, un VP chez Nissan . Ce ne sont que quelques exemples, je vous remercie de votre indulgence pour ceux que je n'ai pas cités. Comme nous sommes tous différents, il y a autant de parcours que de personnalités. Je serais curieuse de connaître le pourcentage de personnes de ma promo (1997) qui aujourd'hui parlent encore (soit 26 ans plus tard) ou ont un lien direct avec la chimie et/ou utilisent leurs connaissances acquises à l'ENSCM. Oui oui je sais, je reste curieuse... on ne change pas ;) !

 

Oui la chimie nous mène à tout parce que notre formation à l'ENSCM nous a préparé à nous adapter et à rebondir !

 

A bientôt,

 

Guylaine GINGREAU (promo 1997)

 

PS : article écrit sans IA, sans ChatGPT