Publié par Brigitte RUFFIN le
29 mar. 2014 à 13h50
Un établissement d'enseignement supérieur ne peut réellement exister et donc assurer des débouchés aux élèves qu'il forme que dans la mesure où il a une place reconnue dans l'environnement national mais aussi et surtout dans une réalité internationale seule capable de permettre à l'issue du cursus une insertion réussie dans l'économie mondiale.
Lors de ma nomination comme directeur mes objectifs étaient clairs : assurer cette notoriété régionale et nationale nécessaires pour pouvoir ensuite ouvrir efficacement sur l'international.
Il s'est agi d'abord d'augmenter les promotions (taille critique de l'établissement !) ce qui fut fait autour d'une centaine d'élèves par année quantitativement donc mais aussi qualitativement par une implication forte dans le concours d'entrée et une information permanente dans les prépas. Ensuite il fallait : trouver de nouveaux locaux, ce fut fait par l'acquisition des anciens laboratoires Chauvin Blache à la Galéra ; repenser notre pédagogie un peu trop " académique " en assurant une réelle spécificité à nos enseignements ; donner de nouveaux moyens aux enseignements des langues par la mise en place d'un véritable laboratoire et la création de postes d'enseignants ; conforter et accroître notre excellente réputation en chimie organique par le développement des filières matériaux, la création du laboratoire de catalyse (mon labo !!) avec des apports industriels très importants. Mais enfin organiser la création d'une filière en biochimie qui nous inscrivait dans des partenariats très importants avec la Fac de pharmacie et surtout avec la prestigieuse Faculté de médecine de Montpellier dont la notoriété internationale remontait au Moyen-âge.
ENSCM, école d'ingénieurs certes mais de quels ingénieurs s'agissaient-ils ? Iingénieur en recherche pas de doute, mais rien ou presque en génie chimique jusqu'à l'acquisition du pilote industriel, quart de grand (ouvert aux entreprises) offert à l'Ecole pour le franc symbolique par la société américaine Bristol Myers (un grand merci) et toujours rue de la Galéra. Le pilote était un outil remarquable, il fut utilisé industriellement et donc remis aux normes par nos amis de Sanofi.
Sur le plan régional, il était également indispensable de créer une synergie entre les différentes écoles d'ingénieurs en région pour assurer une meilleure visibilité de nos existences et affirmer notre importance dans les filières des formations technologiques. Ce fut fait avec la création de la CODIGE dont je fus un promoteur actif et dont j'ai partagé la présidence au départ avec l'Ecole des Mines d'Alès et Agro Montpellier, ce qui a permis en particulier des projets communs intégrant les complémentarités de nos élèves.
Voilà très rapidement les bases qu'il fallait absolument construire pour pouvoir se lancer ensuite dans une véritable ouverture internationale.
Le démarrage de nos actions internationales s'est fait dès l'origine de la mise en place par l'Europe du programme d'échange Erasmus. L'Ecole fut avec seulement deux autres établissements français dans l' Inner Circle de l'ECTS – European Credit Transfer System de préparation du programme d'échange dès1985. J'étais arrivé à convaincre mes partenaires qu' Erasmus était passé par Montpellier entre 1489 et 1536 et y avait rencontré Jacques Coeur.!!! Les discussions furent particulièrement animées avec les établissements partenaires des autres pays de la communauté. C'était à qui mieux mieux le pays le plus à même d'affirmer que sa chimie était la meilleure en terme de notoriété ou de formation pédagogique ! Pas facile donc, mais après accord les échanges purent se faire en 1987 date de démarrage du premier programme sur la base de formations diplômantes. Un séjour à l'étranger dans mon esprit ne pouvait en effet s'envisager que dans l'optique d'acquisition d'un autre diplôme. L'Ecole a ensuite été partie prenante dans le programme Tempus permettant des stages en entreprises ce qui cadrait parfaitement avec nos propositions d'années en alternance que beaucoup ont utilisé acceptant de prolonger leur scolarité en passant une année complète en entreprise en fin de deuxième année.
Très rapidement, la demande étant devenue très forte il fallut dépasser les simples frontières de l'Europe même avec l'ouverture aux pays de l'Est et s'inscrire mondialement. J'ai donc pris ma valise de commercial et mes différentes " casquettes " en m'appuyant sur la nouvelle notoriété acquise par la ville de Montpellier qui s'était affirmée comme Technopole dont j'étais le Président par la volonté du Maire de Montpellier et que la commission européenne appréciait tout particulièrement en me faisant intervenir à plusieurs reprises comme expert dans les dossiers de création de parcs scientifiques ou de nouvelles technopoles. Les villes jumelles furent aussi prospectées ouvrant de nombreuses perspectives appuyées en cela par nos partenaires du réseau international des Technopoles dont j'étais un des vice-présidents et le réseau très important des Science Parks zones d'activité mises en place par certaines universités comme structures d'accueil pour les start-up issues des transferts de technologie. Avec comme résultat l'ouverture vers des collaborations et des échanges avec des universités prestigieuses du monde entier en Chine, Australie, USA, Japon, Venezuela, Mexique, etc…
Mon ambition était alors que toute la troisième année soit en cursus à l'étranger et soit remplacée par des étudiants provenant des établissements partenaires. Pour être franc je n'y suis pas parvenu le meilleur score étant pour nous le départ de la moitié d'une promo pour un remplacement d'un gros Tiers mais quels avantages réels pour tous ces élèves qui bénéficiaient ainsi d'un double diplôme et que les recruteurs s'arrachaient tout étonnés de voir apparaître dans les CV des diplômes certes résultant des échanges Erasmus mais aussi hors de l'Europe, d'Adélaïde, de Wuhan, de Rehovot, de Chengdu, de Singapour, d'Osaka, de Chicago, d'Austin, de Tokyo, de Louisville ou de Mexico !!
Nos ingénieurs qui sont passés par cette filière ont ainsi acquis une vision internationale qui leur a permis une intégration dans un marché hyper mondialisé et compétitif.
Cette politique essentielle a été poursuivie par mes successeurs et je m'en félicite car elle reste bien entendu encore et toujours une priorité !
A Montpellier, le 13 Mai 2012
Recteur Patrick GENESTE, Directeur 1981-1997, Président AAE 2004-2008